18.11.05
(r)évolutions
Entendre un président de la république française dire que la violence n'a jamais résolu des problèmes est pour le moins cocasse.
On hésite entre une espèce de sénilité qui l'aurait privé de la mémoire de la nation, ou de la rhétorique à deux sous, mais on est certain qu'il bafoue ouvertement la révolution française, ou plus proche, mai 68.
Vous rappelez-vous ? Impossible de qualifier ça de non violent, n'est-ce pas ?
Ces jours-ci, il y a des mémoires qui resurgissent chez les grecs de ma génération. Violentes. Des mémoires de manifestations dans les rues, de voitures et vitrines cassées, de flics qui frappent dur, d'armée envoyée contre les gens, du blindé qui défonce le portail de l'école Polytechnique, de blessés et morts par balle.
De radios pirates qui relaient les messages anti-junte, qui proposent des lieux de rendez-vous pour le démarrage des manifs, qui invectivent le régime des militaire et qui appellent à la révolte, à la révolution.
C'était en 1973 et à l'époque je faisais partie de la racaille qui voulait un autre modèle social pour la Grèce et qui était descendue dans la rue pour le faire savoir, quitte à saccager pour que le bruit réveille ceux qui se laissaient aller dans la torpeur du fameux 'que puis-je faire tout seul" que les masses ont l'habitude d'utiliser pour justifier la procrastination sociale.
Dans la démocratie grecque actuelle il n'est plus question de qualifier de racaille les patriotes, démocrates qui ont participé de près ou de loin à ce qui fut le début de la fin du régime des colonels.
Il y a eu état d'urgence, couvre feu et bavures policières, avec application de la loi et de la justice, et la révolte estudiantine fut jugulée. Mais la junte avait moins d'un an à vivre.
Le 17 novembre est fête nationale, pour célébrer la racaille de jadis et lui rappeler de pleurer ses morts en f^étant la démocratie.
Depuis ces jours, je suis toujours dérangé quand la racaille "casse tout", "brûle ses quartier", "s'oppose aux forces de l'ordre".
Une partie de moi s'interroge quant aux raisons qui conduisent à des telles manifestations, pendant qu'une autre tente de me raisonner et me faire dire qu'il doit y avoir d'autres moyens d'action, surtout dans un pays démocratique.
Seulement j'ai du mal à les trouver ces putains de moyens d'action alternatifs !
Ca sera intéressant de voir comment ces jeunes qui cassent, brûlent et tapent sur les flics, et qui en 2007 auront le droit de vote en poche vont se comporter. Quel accueil ils réserveront au candidat Sarkozy dont ils demandent aujourd'hui la démission.
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