12.1.06

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Il y a deux façon majeures d'aborder un problème. Les deux passent par une observation préalable des faits et ne divergent qu'au moment de l'interprétation.

Les uns vont essayer de comprendre les causes et les effets qu'elles produisent et bâtir un modèle qui explique les faits, conscients que quel que soit le modèle obtenu il n'est qu'approximatif et qu'il devra être ajusté au fur et à mesure que la connaissance des faits s'améliore, voire entièrement révisé, ou même remplacé si nécessaire. Les modèles ainsi obtenus sont souvent complexes, difficiles à appréhender, assez "usines à gaz".

Les autres vont décider qu'une cause première est l'explication de tout, de façon axiomatique, et bâtiront leur modèle à partir de là. Tout découle de cette source première et le modèle est forcement d'une simplicité extrême, à condition d'admettre l'axiome de base.

L'usage d'axiomes n'est pas le propre de cette deuxième catégorie; la différence fondamentale est la valeur qu'on accorde à ses axiomes. Les uns admettent qu'ils se servent d'axiomes, constructions imparfaites qui seront révisées à un certain moment, tandis que les autres nomment leur axiome fondateur "un fait" et le rendent ainsi indiscutable.

Il est intéressant d'observer que les uns ont des axiomes, plusieurs, et les autres un axiome, au singulier.

La façon de raisonner et les interprétations du milieu observable sont complètement étrangères les unes aux autres.

Si l'on admet l'existence d'une cause première il est raisonnable de s'attendre à un effet final, à un objectif à atteindre. Et vice versa, si un but est à atteindre, l'effet, c'est qu'il est le produit d'une cause première, que l'on identifiera en remontant la chaîne des événements, l'histoire.

Contrairement à l'impression première, ce n'est pas un raisonnement circulaire, mais en aller-retour, oscillant entre les deux extrémités que l'on fixe : cause première, effet final. Le raisonnement se trouve restreint entre ses deux points. Il est tentant de fusionner ses deux extrémités, la cause initiale étant identique à l'effet final. Mais dans ce cas l'axiome de la cause initiale identifiable per se ne tient plus; tous les points d'un cercle sont équivalents et il n'y a aucune raison de considérer l'un plus que les autres.

Les religions, qui sont un exemple de ce type de raisonnement, considèrent un Créateur comme la cause initiale et un Jugement Dernier quelconque comme l'effet final, ont été obligée d'introduire un élément supplémentaire pour éviter l'oscillation, l'éternité, qui rend compte du reste. Le Créateur initie l'univers, Son Jugement Dernier le termine et reste l'éternité à passer, éternité à qui aucune des religions, que je connais, ne semble donner un objectif autre que d'être. Avec des légères variantes plaçant entre le Jugement Dernier et l'Eternité un Purgatoire.

Les modèles restent simplets et incomplets dans leur interprétation de l'univers, obligés de le scinder au moins en deux parties. En termes d'entités qui le composent, avec d'une part le Créateur et d'autre part le reste. En termes de temporalité, avec une partie historique, régie par le temps, où les événements commencent au moment de la création et se succèdent tant que l'objectif final n'est pas atteint et une partie qui semble intemporelle et qui est l'objectif final, l'éternité. La contradiction évidente entre les notions d'univers et plus d'un composant ne semble pas gêner les partisans de ces concepts.

Néanmoins ils sont confortables. Toute action qui tend vers cet objectif final est bien, morale, éthique, en accord avec le dessein de la création. Celles qui ralentissent l'Avènement sont mauvaises, immorales, non éthiques. Le Créateur et son Plan sont des références externes, auxquelles on peut comparer nos faits et leur attribuer des mérites plus ou moins importants. Ses références sont, le plus souvent, considérées comme parfaites.

Qu'en est-il si on rejette l'idée d'une cause initiale adoptée de façon axiomatique ? La première conséquence est que nous n'avons plus aucune raison de préjuger d'un objectif final, le raisonnement n'est plus téléologique. L'option de l'univers circulaire ou tout pourrait être considéré comme cause initiale ou effet final reste ouverte; tous les événements deviennent égaux et l'importance que on leur accorde n'est plus justifiée par une valeur intrinsèque, elle ne représente que notre point de vue.

Cette constatation rend ce type de modèles dérangeants pour une large fraction d'entre nous.

Et il y a de quoi :
Il n'y a plus aucune raison de considérer que nos aspirations, notre volonté, nos principes éthiques, notre morale, notre intelligence valent mieux qu'un pet de vache, sauf si ce n'est que nous en décidons ainsi, de façon arbitraire, et que nous en acceptons la responsabilité des conséquences qui en découlent. Tout en sachant que nos décisions ne valent quand même pas plus que ledit pet de vache.
Par ailleurs, la perfection n'est plus autre chose que l'adéquation entre ce qui est, ou ce que nous faisons, et nos valeurs, puisqu'il n'y a pas de référence externe. Tout et n'importe quoi peut-être considéré comme satisfaisant ou parfait, suivant des envies personnelles ou collectives. Untel peut trouver que l'univers est parfait tandis qu'un autre relever tous ses travers.

Une telle vision de l'univers, qui dans ce cas reste bel et bien univers et ne nécessite pas des composantes multiples pour être interprété, purement matérialiste, semble de premier abord incompatible avec l'organisation sociale, donne l'impression d'un univers d'anarchistes a priori. A ce titre il pourrait déplaire fortement aussi bien aux partisans de l'ordre autant qu'à ceux qui marchent à l'humanitaire.

Et il serait invivable si nous ne fixions pas un/des objectif/s. Il y en a un qui semble faire l'unanimité, alors autant commencer par lui. Si la survie est clairement notre objectif, la perpétuation éternelle de l'espèce en dépit des événements qui nous entourent, la structuration des modèles sociaux est nécessaire pour les rendre efficaces, en adéquation avec l'objectif que l'on se fixe. Des valeurs comme la morale et l'éthique acquièrent une importance, serait-elle relative. Elles peuvent être prisées par les uns, méprisées par les autres mais en fin de compte il y a évaluation des valeurs que nous forgeons et, indépendamment des avis exprimés, il y évaluation objective en termes de survie; et en termes de perpétuation de ces idées à travers la survie de ceux qui les portent.

Avouer son égoïsme de la sorte, après avoir admis qu'objectivement il n'a pas de valeur intrinsèque particulière, semble paradoxal. Mais si on a un avis, autant faire en sorte qu'il persiste, même au delà de nous même.

Les récentes discussions concernant le et l' sont étroitement liées à ces deux visons du monde, les uns ayant besoin d'un Créateur, ou d'un Ingénieur ou quel que soit le nom qu'on lui donne, d'une cause externe qui justifierait ce qu'ils appellent pompeusement la , les autres se contentant de l'observable, de ce qui accessible par les sciences naturelles rejetant même l'idée du métaphysique.

Je fais partie de cette deuxième catégorie et je trouve pathétiques les tentatives de trouver des justifications de la morale et de l'éthique en dehors de notre bon vouloir qui est aussi volatile que les générations de ceux qui les definissent.

Et comme vous l'avez compris, nos avis respectifs sur la question ne valent pas plus qu'un pet de vache; la seule différence que je trouve avec les IDers c'est que leur pet pue plus que le mien ;-)

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